Clara Lang-Ezekiel

 Mé-tissage de l’Histoire (2023)

Les étrangers ont forgé la France. La France a toujours été, souvent à contrecoeur, une terre d’immigration. Les immigrés ont contribué à écrire les chapitres les plus importants de l’histoire de la France et à créer ou perfectionner certains éléments de notre patrimoine culturel.

Commençons par la Révolution Française, période fondatrice de notre société actuelle et de l’identité du pays. Parmi les pères de notre République, "l’ami du peuple" Marat était en fait Prussien (actuelle Suisse). La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est elle-même le fruit de la migration des idées des Lumières à travers les continents, ce qu’illustre la participation de Thomas Jefferson (futur président des États-Unis) à sa rédaction.

Cent cinquante ans après la Révolution, de nombreux étrangers, tels que Mélinée et Missak Manouchian, tous deux réfugiés arméniens, ont risqué et sacrifié leurs vies pour défendre les idéaux de cette même république face à l’occupation allemande du pays.

Plus récemment encore, ce sont des immigrés tels que Patrick Vieira et des enfants d’immigrés comme Zinédine Zidane qui nous ont rendus fiers d’être champions du monde de football en 1998 et 2018. Viera, lui-même né au Sénégal, a obtenu sa nationalité française grâce au service militaire de son grand-père, qui, comme de nombreux hommes venant des colonies françaises, a combattu pour défendre la France, bien qu’elle ne leur ait ensuite pas accordé les droits soi-disant universels qu'ils défendaient.

Même les viennoiseries, mondialement réputées, qui font la fierté de nos boulangeries, portent leur nom car elles sont arrivées de Vienne grâce à Marie-Antoinette, l’épouse autrichienne du mal-fortuné Louis XVI. D’ailleurs, presque toutes nos reines ont été des étrangères. Si nous suivons cette logique, bon nombre de nos rois sont également issus de l’immigration.

Nous ne pouvons pas oublier que le patrimoine  artistique et littéraire Francophone est constitué d’une pléthore d’artistes étrangers, ici représentés par la Comtesse de Ségur, née Sophie Rostopchine, fille du général qui a repoussé l’avancée de Napoléon à Moscou, arrivée en France à l’age de 19 ans. Le Panthéon, dernier lieu de repos des plus illustre français accueil aujourd’hui Josephine Baker dont l’histoire fait le lien entre le patrimoine culturel et la resistance.

Pourquoi donc ce pays s’entête-t-il à repousser de potentiels nouveaux acteurs du progrès sur son territoire ?