N’oubliez Pas les Dames (2022)
En 1776, alors que les pères fondateurs des États-Unis s'apprêtaient à écrire leur Déclaration d'indépendance, Abigail Adams écrivit à son mari : « Et d’ailleurs, dans le nouveau code de lois que je suppose qu'il vous faudra faire, je désire que vous n’oubliez pas les dames.… Si elles ne font pas l'objet de soins et d’attentions particulières, nous sommes déterminées à fomenter une rébellion et ne nous tiendrons pas liées par des lois dans lesquelles nous n'avons ni voix ni représentation ». Malheureusement, elle fut ignorée et les droits des femmes ne furent pas inscrits dans le document fondateur. Dix-sept ans plus tard, au lendemain de la Révolution française, Olympe de Gouges, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en réponse féministe à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, est guillotinée sur la place de la Concorde. À la naissance des deux nations modernes dont j'ai les citoyennetés, on a rappelé aux femmes que la démocratie n'avait pas été instaurée pour elles. Cela ne les a pas empêchés de casser le moule.
Bien que l’histoire ait souvent été racontée en reléguant les femmes en arrière-plan, l'histoire du monde regorge d'exemples de femmes exceptionnelles – des femmes qui ont dû travailler deux fois plus dur pour gagner leur place dans notre mémoire collective. Avec cette série, je rends hommage à ces femmes et je vise à éveiller la curiosité de l’audience pour en apprendre plus sur elles. J'espère également inspirer les générations futures à voir les femmes avec un nouveau regard, afin que les jeunes femmes n'aient pas à ressentir le fardeau d'être toujours les premières et que les jeunes hommes ne voient pas les femmes fortes comme les exceptions.
Nous ne pouvons pas prétendre changer l'avenir sans connaître le passé. Ceci est particulièrement vrai pour le monde de l'art dans lequel les femmes sont plus susceptibles d'être présentées dans les musées en tant que modèles nus qu'en tant qu'artistes ou personnages historiques. La question posée par les Guerrilla Girls demeure d'actualité : « Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au musée Met ? ». J'ai donc porté une attention particulière à la manière dont je représente ces femmes : non seulement elles sont entièrement vêtues et généralement ne sourient pas, mais les fonds sur lesquels elles sont représentées sont des collages donnant des indices sur les vies qu'elles ont menées et les actions pour lesquelles il faut les honorer. Pour bien comprendre l'œuvre d'art et l’importance de ces femmes, il vous faut faire l'effort de lire leurs histoires.